Où l’on montrera que l’élection de Donald Trump, l’exploration spatiale et Star trek sont intimement liés.
Les réactions à la victoire de Donald Trump dans la course à la Maison Blanche ont été aussi nombreuses qu’hystériques et vaines. Les Américains ont voté. Les grands électeurs se sont décidés. Il est élu, deal with it.
Parmi le (f)lot d’indignation par statuts Facebook interposés, nous avons pu noter à plusieurs reprises des réactions du type : « je veux aller vivre sur une autre planète. » Wow, ça dénonce sec. Pourtant, à bien y regarder, il s’agit probablement de la réaction la plus sensée. Effectivement, c’est exactement ce que nous devrions faire. Nous devrions tous aller dans l’espace. Car de l’espace, nos perceptions de la Terre, de notre espèce et de nos interactions sociales volent en éclat, et sont intégralement repensées. Bien sûr, ça n’est pas pour tout de suite, mais cela deviendra possible. Ça le devra.
Citoyen du monde, la fin du bullshit
Parmi les kyrielles de déclarations, “idées” ou propositions de Donald Trump, sur lesquelles nous n’allons pas nous pencher davantage, deux points nous prouvent l’urgence de notre exploration spatiale : le changement climatique qui serait un coup des Chinois, et le mur à la frontière américano-mexicaine.
Commençons par ce dernier. Oui, l’idée d’érection d’un mur entre deux États est choquante. Oui, l’idée même de frontière peut être débattue. C’est là que vous repensez à ce gamin de 18 ans que vous avez forcément connu, voire que vous avez été : « moi je suis un citoyen du monde, je suis pour l’abolition des frontières ». Bullshit. L’Homme a besoin de ses frontières, il se sent rassuré, chez lui dans sa ville, son département, sa région, son pays. Personne n’est citoyen du monde. Sauf…
Sauf ceux qui ont vu la Terre de loin.
Étrange comme la politique semble disparaître à 100 km d’altitude. Vraiment hâte de voir la Terre dans son entièreté et sans frontières… pic.twitter.com/hIXmSIQgmR
— Thomas Pesquet (@Thom_astro) 9 novembre 2016
Ce que dit Thomas Pesquet, tous les astronautes l’ont évoqué à leur retour. Dès que l’on dépasse l’atmosphère, que l’on voit notre planète s’éloigner, que l’on entre dans le vide spatial, alors fatalement des notions comme celle de frontière disparaissent instantanément. Ce sentiment, appelé Overview Effet, a surpris quasiment tous ceux qui ont eu la chance d’aller dans l’espace. Cette prise de conscience que nous sommes, non des citoyens du monde, mais des Terriens. Et nous devons faire avec.
Le canadien Chris Hadfield, probablement l’astronaute le plus cool de la planète en raison de sa reprise de David Bowie dans la station spatiale internationale, ne dit pas autre chose. Être dans l’espace nous permet de « reconnaître l’unanimité de notre existence, sa banalité. […] Cela nous pousse à prendre conscience de notre humanité, à la comprendre ».
La conquête spatiale a toujours été la meilleure preuve de notre humanité
Dans les années 1960, de Kennedy à Nixon, puis plus tard avec Reagan, les États-Unis n’avaient pas attendu Donald Trump pour tenter d’affirmer la suprématie américaine. Mais au beau milieu de la guerre des étoiles que se livraient la Russie et les États-unis sont apparus les premiers programmes de coopération spatiale, Appolo-Soyouz.
Ce faisant, la réalité a dépassé la fiction, puisque Star Trek avait, presque dix ans plus tôt, imaginé un équipage de l’USS Entreprise ayant dépassé les conflits strictement terrestres et composé de Russes, d’Américains et même, incroyable, d’une femme qui n’est pas une simple potiche. Noire, de surcroit.


C’est donc en toute logique que les acteurs, producteurs et réalisateurs de Star Trek ont créé leur association : Trek contre Trump. Le nouveau résident de la Maison-Blanche ne semble pas correspondre à la vision positive du futur de Star Trek, qui « accorde le même respect et la même dignité aux personnes de toutes races ».
Une vision un tantinet différente de l’exploration spatiale que celle de Donald Trump, en effet :
I hope we never find life on another planet because if we do there’s no doubt that the United States will start sending them money!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 16 janvier 2014
Ces Chinois qui changent le climat
Par ailleurs, Donald Trump a, à plusieurs reprises, estimé que le changement climatique n’était qu’un mensonge, une façon pour les Chinois de nuire à l’Amérique.
The concept of global warming was created by and for the Chinese in order to make U.S. manufacturing non-competitive.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 6 novembre 2012
Son élection intervenant à l’aune de la Cop22, qui fait suite à l’accord de Paris sur le climat, elle ne pousse pas vraiment à l’optimisme les climatologues qui, eux, pensent que le réchauffement climatique existe vraiment. Oh, et ils représentent 97% des scientifiques qui se penchent sur le climat. Sous cet angle, l’arrivée de Trump au pouvoir pourrait donc être une calamité pour l’écologie. D’autant qu’il a récemment annoncé qu’il souhaitait se retirer des discussions s’il venait à être élu…
Là encore, le fait de voyager dans l’espace, toujours sous l’impulsion de l’Overview Effect, nous carre littéralement la fragilité de notre planète sous les mirettes. Et si tout le monde sait que la NASA nous inonde chaque jour de photos, graphiques, vidéos, chiffres tous plus alarmants les uns que les autres, le fait de le voir de ses propres yeux semble procurer l’effet d’une grande tartine de réalité.
Scott Kelly, qui a passé près d’un an dans l’espace, est revenu sur Terre avec des perceptions ébranlées, et le sentiment que nous devions tout faire pour sauver la seule planète que nous possédons, pour l’instant. « De là-haut, on remarque à quel point notre atmosphère est fine, à quel point elle a l’air fragile, et c’est très inquiétant quand on voit l’ampleur de la pollution », indique-t-il à Motherboard.
Même son de cloche pour tout ceux qui ont vu notre maison de « là-haut ». Beauté et fragilité sont les deux mots les plus récurrents dans la bouche de ceux qui reposent le pied sur Terre. Et oui, il faudrait que tout le monde ait l’occasion de constater cette beauté et cette fragilité, comme l’indique l’astronaute Jean-François Clervoy : « si tous les Terriens volaient dans l’espace, ils verraient combien la planète surpasse en beauté tout ce que l’homme a dessiné, peint, construit ou inventé ».
« La Terre est un bien fragile que nous devons chérir et protéger », a indiqué de son côté la taïkonaute Liu Yang. Mais après tout, l’avis d’une femme, Chinoise qui plus est, compte-t-il encore, aujourd’hui ?