Watson est candidat à l’élection présidentielle. Comme les autres candidats, il dispose d’un site de campagne et entend incarner le renouveau de la politique américaine. Mais Watson a une particularité : c’est un robot. Ou, plus précisément, un programme d’intelligence artificielle développé par IBM.
Alors que les débats autour de l’élection présidentielle américaine sont polarisés par les montées opposées du socialiste Bernie Sanders et du populiste Donald Trump, Watson, lui, continue de faire campagne tranquillement, comme en témoigne son site Watson 2016 ou son compte Twitter.
Happy Presidents Day weekend! We want to know, what qualities do you look for in your elected officials? pic.twitter.com/sfKm6TECD4
— Watson 2016 (@watson2016) 12 février 2016
« Nous pensons que les capacités uniques de Watson pour analyser les informations et prendre des décisions éclairées et transparentes, en font un candidat idéal pour le poste à responsabilités que représente celui de président », explique son site de campagne.
Estimant qu’une intelligence artificielle est plus à même de prendre des décisions en dehors du champ partisan de la politique, le site indique que « plus Watson intègre d’informations, plus ses capacités de prise de décision sont efficaces. Il est capable d’analyser des informations venant de n’importe quelle source, il peut donc prendre en compte différentes perspectives et opinions sur tous les sujets. » Ajoutant que cela va des sujets « les plus anecdotiques aux problématiques géopolitiques ou de santé publique ».
Une intelligence supérieure
Alors que Donald Trump répète à l’envi qu’il possède un QI supérieur au votre, ferait-il le poids face à un « superordinateur » ?

Car Watson mise, en plus, sur sa capacité d’anticipation :
“Watson sera en mesure d’analyser les tendances liées à l’emploi, aux marchés, aux taux d’intérêt, à l’éducation, à la pauvreté, à la criminalité, aux impôts, et à la politique pour évaluer quelles actions sont les plus appropriées pour l’avenir de la nation„
Interroger le monde politique sur la place de l’intelligence artificielle
Vous pensez à une blague n’est-ce pas ? Rassurez-vous, c’en est bien une. Mais elle pourrait ne pas le rester si longtemps. Le Monde s’est interrogé sur la provenance de cette campagne mystère, qui n’émane pas directement de la société IBM. L’homme derrière la candidature de Watson est l’artiste Aaron Siegel. Ce dernier se présente d’ailleurs comme « directeur de campagne de Watson ».
« Je me suis demandé quelle personne pouvait être le politicien le plus objectif, efficace et non partisan, et je me suis rendu compte que cette personne était un ordinateur » explique-t-il au Monde. Et s’il indique que ce projet émane surtout de « la frustration et des désillusions » liées à la l’élection présidentielle américaine, il reste convaincu que Watson pourrait être un bon candidat :
« Nous pensons qu’une intelligence artificielle telle que Watson peut apporter les capacités de prises de décision objectives dont nous avons besoin chez un dirigeant, ainsi que la transparence nécessaire pour analyser comment ces décisions ont été prises et pourquoi. Le système n’est lié à aucun parti, ses décisions sont donc fondées uniquement sur l’information dont il dispose, et non sur des idéologies. »
Il assure que le but de Watson 2016 est d’interroger le système politique actuel sur la place de l’intelligence artificielle dans notre monde. « J’espère que cela poussera les gens à discuter du potentiel de l’intelligence artificielle dans la politique. »
Watson est déjà un champion
Watson n’en est pas à son premier fait d’armes. Il avait déjà écrasé ses adversaires lors du jeu télévisé Jeopardy, jeu aussi culte aux Etats-unis que notre Question pour un champion national, où le présentateur donne une réponse et les participants doivent deviner la question.
Fierté d’IBM, Watson possède déjà de nombreuses utilisations. Présent dans certains hôpitaux, il analyse les données des patients afin d’aider les médecins à établir des diagnostiques. Il est d’ores et déjà utilisé par plusieurs entreprises et secteurs publics pour prévoir la météo, gérer des stocks ou améliorer la navigation GPS.
Déjà plus avancé que Deep Blue (premier ordinateur à vaincre un homme aux échecs), Watson ambitionne désormais de s’attaquer aux smartphones pour devenir un concurrent de Siri. IBM espère le lancer sur le marché dès 2020.
On est donc bien loin du Skynet de Terminator ou de Jarvis d’Iron Man. Mais le développement, la place de plus en plus importante de l’intelligence artificielle et la confiance que nous plaçons en elle doit nous questionner sur son rôle futur.
Irons-nous voter un jour pour un cyber-candidat ?
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